Malatesta
Sigismond Pandolphe Malatesta, seigneur de Rimini, fut chef de guerre, poète, érudit, mécène, assassin, fol coureur et pourtant idolâtrant sa femme Isotta – vivante incarnation de l'amour conjugal –, assez frivole pour faire bâtir une église où il n 'y a que des symboles païens, assez grave pour vivre avec un crâne sur sa table, assez sacrilège pour être condamné au feu par le Saint-Office, assez religieux pour mourir en chrétien, en 1467, à cinquante et un ans. C'est ce «loup intelligent» – selon l'expression de Taine – que Montherlant nous
montre, au cours de ses quatre actes, aux prises avec une époque violente et dangereuse qui n'est pas sans analogie avec celle que nous vivons. Le pape Paul II, second héros de la pièce, est lui-même divisé : chrétien sincère, si doux que son prédécesseur l'avait appelé «Notre-Dame de Pitié», obligé cependant de mener une politique terrible, sans cesse «voletant entre le ciel et la terre».