Encore un instant de bonheur
Les poèmes d'Encore un instant de bonheur, tous antérieurs à 1934, sont détachés d'un ensemble plus vaste, Almouradiel, que l'auteur, depuis près de trente ans, s'est refusé à livrer à la publication. Parmi eux, le Chant de Minos est un fragment d'un drame, les Crétois, mi-partie en prose, mi-partie en versets, que Montherlant commença et abandonna en 1929. L'autre fragment qui en est demeuré est Pasiphaé. Ces poèmes étaient sur le point de paraître, en 1934, avec pour titre celui de l'ensemble, Almouradiel, quand l'auteur changea ce titre en Encore un instant de bonheur. Sur le nouveau titre, il s'est expliqué ainsi :
" Ce titre fut choisi sous le coup des événements politiques français de février 1934, qui, vus d'Algérie, où j'étais alors, donnèrent à quelques personnes l'impression que la fête était finie. Et la fête finit, sans doute, quelquefois seulement, elle recommence. Tous les événements terribles qui se sont passés en Europe, depuis 1934, n'ont pas empêché la fête de continuer, dans son ensemble. C'est une des grandeurs de l'homme qu'il fasse en sorte que toujours, par delà les pires épreuves, la fête continue ". Chateaubriand n'a pas craint d'écrire, à une époque où une grande partie de l'Europe était à feu et à sang : L'individualitéhumaine
" ENCORE UN INSTANT DE BONHEUR sert à mesurer la petitesse des grands événements ". Et en effet, qu'est-ce que le destin des empires auprès du salut d'une seule âme, si l'on est chrétien ; auprès de la sagesse d'une seule vie, si l'on est philosophe; auprès de l'inspiration d'un seul instant, si l'on est poète ?