Lettres choisies
Eudora Welty écrit : «Il y a derrière ces lettres quelque chose d'une lutte farouche qui ne peut pas nous échapper ; ce sont des lettres de vie ou de mort, qui ont trait aux conditions d'une survie – la survie de son génie.» On découvre ici Faulkner en butte à d'incroyables ennuis d'argent. C'est pourquoi il écrit des nouvelles pour les magazines et fait une douzaine de séjours aux «mines de sel» de Hollywood, pour écrire des scénarios. Mais il y a aussi l'incompréhension des proches, les liaisons pour se consoler et le recours à l'alcool.
On trouve aussi dans ce recueil deux douzaines de lettres admirables, écrites de France pour sa mère, et, vingt ans plus tard, les réponses éclairantes aux questions de Malcolm Cowley. Il y a encore les bribes d'«aveux» (les doutes sur l'œuvre, le désespoir quant au monde) aux maîtresses : à Joan Williams, à Else Jonsson, à Jean Stein. En bref, on trouvera ici le Faulkner américain qui nous manquait et qui confirme, comme au second degré, que ses trois grands hérauts français (Malraux, Sartre et Camus) n'avaient pas tort de le voir en tragique.