Le clan des chiqueurs de paille
Le clan, issu des marais du canton Nord-est de Gaomi, a pour ancêtre mythique une pouliche et pour caractéristique son attachement à un chaume à mâcher, rouge, aux vertus formidables mais qui le désigne comme le clan des "brouteurs", "mangeurs de paille" en butte à l'incompréhension, voire à l'hostilité.
Le pays subit à intervalles réguliers l'invasion de nuages de sauterelles qui dévorent le chaume, détruisant - mais jusqu'où puisque le narrateur est encore là pour le dire ? - le clan mythique.
Les rêves du narrateur et de ses comparses s'enchaînent, entrecroisant les périodes, les histoires, les légendes et les souvenirs, les personnes et les dieux. Ils brouillent les pistes et entretiennent le doute, chacun fonctionnant comme une entité indépendante. Le suspense est ménagé jusqu'au dernier récit.
Après Le Clan du Sorgho rouge, Mo Yan laisse libre cours à une imagination débridée, à une expression multiforme, nouvelle, extrême de son art.
Ainsi l'exprime le narrateur : "Un jour je finirai par écrire et faire jouer une pièce de théâtre digne de ce nom et où s'enchaînent, dans leur étroite imbrication, rêve et réalité, science et féerie, Dieu et diables, amour et prostitution, noblesse et bassesse, beauté féminine et excréments, passé et présent, trophées et préservatifs. Ils constitueront un monde total".
Par ces amalgames délibérés, confondant le supérieur et l'inférieur, le spirituel et le matériel, le sublime et l'obscène, l’œuvre carnavalesque de Mo Yan affirme la révocation de toute autorité.