Le christianisme en accusation
Le livre d'entretiens que publient René Rémond et Marc Leboucher tire sa source d'un sentiment mêlé d'amertume et d'exaspération : celui dicté par le spectacle d'un christianisme non plus en question mais en accusation.
Il semble en effet qu'on doive à la religion catholique un certain nombre de maux touchant aussi bien le mental individuel que le fonctionnement social. Citons-les : la violence répressive émanant de la morale judéo-chrétienne, les pesanteurs sociales impliquées par l'imprégnation catholique, le culte d'une certaine vision victimaire de l'individu. Nos deux auteurs cherchent d'abord à comprendre.
Pour eux, cette "mise en accusation" a des racines historiques (la vieille tradition anticléricale française depuis Voltaire) et des causes présentes (le moralisme désuet et rigide de l'actuel pontificat, la concurrence effective de la modernité protestante et le magnétisme d'un bouddhisme plus "en phase" avec le goût actuel pour une spiritualité non-dogmatique).
Face à cette situation de déclin, le catholicisme français se voit tenter soit par un certain nihilisme, soit par le replis identitaire et le sentiment d'être une forteresse assiégée.
À l'issue de ce dialogue, les deux auteurs, prenant acte des faits et des responsabilités, opposent néanmoins à cette agressivité et à cette morosité une profession de foi d'espérance et de dynamisme. --François Angelier