L'homme qui fait le tour du monde
Il y a longtemps que je voyage.
Depuis l'adolescence où j'ai commencé à sillonner Paris en tout sens. La jeunesse où j'ai arpenté l'ouest américain en compagnie de Jean-Claude Mézières. Ensuite, les reportages dans les pays de l'Est à l'époque où personne n'allait là-bas et qui ont nourri toute une partie de mon travail pour Enki Bilal. Les errances sur les cargos, dans les villes sud-américaines ou au Cap Nord pour écrire d'autres récits...
À un moment s'est imposée à moi la nécessité de boucler ma boucle. Pour savoir jusqu'où pouvait me mener mon étrange besoin de mouvement, il me fallait faire le tour du monde.
Ce désir, où se mêlait le goût de l'enquête, de la fiction, du rêve, de l'indignation, du danger parfois aussi, m'a mené en 1992 durant plusieurs mois à Bucarest à Léningrad et au-delà, via la Turquie, Bombay, le Bengladesh, les frontières cambodgiennes, la Chine, Tokyo, les États-unis que je ne connaissais pas, les bords de la Baltique que je redoutais...
De mon périple, est sorti un album un peu étrange. Mais pas plus étrange que mon voyage et ce que j'y ai découvert : par exemple, que ce qui fait le plus, et le plus vite, le tour du monde, c'est l'ARGENT, et ceux qui le manipulent.
Car par certains côtés, "L'homme qui fait le tour du monde" est deux. Moi. Et l'autre. Roscoe K. Stockman, l'insaisissable, le redoutable homme d'affaire multimilliardaire que j'ai pisté dans son incessant parcours du globe. Au lecteur de le découvrir à notre suite.