L'écrit de l'éternité d'or
Nous savons comment, encouragé par le poète Gary Snyder, Kerouac écrivit ce sutra, imité des sutras bouddhiques traditionnels, les “textes sacrés” fondamentaux qui subliment le mental de l’auditeur ou du lecteur en lui faisant “voir” littéralement ce qu’il est. Le “message” de ce texte essentiel, à partir duquel on peut relire tout Kerouac, ressemble à une exhortation ; c’est l’écriture qui guérit de la douleur de vivre, pourvu que l’on s’y consacre entièrement. La frénésie qui dévora Kerouac ne se trouvait pas ailleurs. Il a souffert et il est mort d’avoir vendu son âme en gagnant beaucoup d’argent et de gloire avec Sur la route, se détournant ainsi de sa vraie vocation, de sa sainteté personnelle. »
Raphaël Sorin, Le Monde.