L'ancien régime, 1610-1770

Emmanuel Le Roy Ladurie

L'ancien régime, 1610-1770
461 pages
Popularité
Popularité du livre : faible
Notes
Note globale
★★★★★
★★★★★
3.96
Note personnelle
★★★★★
★★★★★
0

Marie de Médicis, régente après 1610, recueille les derniers soupirs de la monarchie tempérée. Avec l'absolutisme, inauguré par Richelieu entre 1614 et 1627, se met en place un système brillant, coûteux, belliqueux, relativement souple, efficace, emprunt de Raison volontaire et bientôt modernisatrice, mais fondé pour l'essentiel, en l'absence d’assemblées représentatives à l'échelon national, sur une concentration, assez théorique en fait, de la souveraineté : celle-ci s'incarne dans un monarque individuel (le roi Bourbon) et dans une instance collective : la « robe du Conseil », classe politico-fonctionnelle des conseillers d'État et des maîtres des requêtes. L'énarchie de l'époque...

Le compromis de base qu'avait instauré Henri IV (accommodement avec les huguenots indigènes, entente avec les nations protestantes, croissance des richesses du pays) finit par se changer en son contraire sous Louis XIV vieillissant : persécution contre les réformés, cassure avec les Pays-Bas et l'Angleterre, difficultés économiques dues aux guerres interminables. Et cependant (le Roi-Soleil ayant disparu) l'absolutisme, tout en restant fidèle à lui-même, va se laisser aller, sous Philippe d'Orléans, puis Louis XV, a des phases d'ouverture séduisantes : il y a derechef coexistence factuelle quoique fort agitée avec les jansénistes, voire les huguenots ; rapprochement à éclipse en direction des puissances maritimes, libérales, capitalistes ; puissant essor économique.

Considérée dans sa totalité, la monarchie absolue représente sur le continent, à l'étranger comme en France, et non sans fluctuations, un stade fréquent, quoique pas obligatoire, du développement institutionnel et politique. Étape fréquente, liée à la naissance de l'État moderne, mais limitée dans la durée. À partir de 1775, s'amorce un nouveau passage ; il s'étalera sur près d'un siècle ; une transition s'effectue en effet, qui mène de la légitimité aristo-héréditaire, celle de jadis, jusqu'à la nouvelle légitimité démocratique ou, pour le moins, représentative : la nôtre. Le phénomène s'affirme avec violence, dès 1789, sous forme d'une rupture spectaculaire, suivie d'une longue vacance de légitimité.

Emmanuel Le Roy Ladurie

Livres de l'auteur : Emmanuel Le Roy Ladurie