Journal d'un morphinomane
23 AVRIL. - Pas trop bien depuis quelques jours et pas content de moi à cause de cette fâcheuse morphine dont je ne puis me défaire tout en m'en dégoûtant de plus en plus. C'est vraiment étrange ! Ma guérison me semble possible et cependant je ne parviens même pas à diminuer. Je remarque depuis longtemps que ce qui règle inconsciemment ma dose de poison, c'est juste ce qu'il en faut pour me tenir dans l'état de moindre énergie compatible avec mon travail forcé; c'est-à-dire que je m'empoisonne chaque jour autant, oui, autant qu'il le faut pour ne garder que juste la force indispensable à ma besogne journalière.