Critique et vérité
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Tant que la critique a eu pour fonction traditionnelle de juger, elle ne pouvait être que conformiste, c'est-à-dire conforme aux intérêts des juges. Cependant, la véritable " critique " des institutions et des langages ne consiste pas à les " juger ", mais à les distinguer, à les séparer, à les dédoubler. Pour être subversive, la critique n'a pas besoin de juger, il suffit de parler du langage, au lieu de s'en servir.
Ce que l'on reproche aujourd'hui à la nouvelle critique, ce n'est pas tant d'être " nouvelle ", c'est d'être pleinement une " critique ", c'est de redistribuer les rôles de l'auteur et du commentateur et d'attenter par là à l'ordre des langages. On s'en assurera en observant le droit qu'on lui oppose et dont on prétend s'autoriser pour l'" exécuter ". R.B. Ce livre, loin d'être seulement une mise au point dans une querelle périmée - réponse de l'auteur aux attaques faites contre son ouvrage Sur Racine -, veut éclairer le changement profond de notre culture par rapport à la question centrale de l'interprétation, et introduire à cette nouvelle histoire qui touche au passé comme à l'avenir : la science de la littérature, sa critique et sa lecture devenant ainsi trois aspects complémentaires d'un même acte de vérité.