Armand
Armand : Publié en 1926, Armand est le deuxième roman d’Emmanuel Bove, après Mes Amis, dont il est assez proche par le style et le propos.
Armand vit avec Jeanne, une veuve plus âgée que lui, qui l’entretient et l’aime tout en lui laissant beaucoup de liberté. Armand ne travaille pas, il se balade souvent pendant la journée et la soirée, et vient à rencontrer un ancien ami, Lucien. Celui-ci n’a pas eu la chance d’Armand, il est resté pauvre, timide, emprunté dans tous ses gestes et mal à l’aise en société, mais c’est le « témoin d’un passé douloureux » pour le narrateur. À part une incartade d’Armand avec la jeune sœur de Lucien et une séparation à la fin du roman il ne se passe rien : pas d’intrigue, pas d’éclat même dans la séparation, pas de passion même dans les moments de douceur, seulement une observation psychologique et physique méticuleuse des faits, un amour du détail poussé à l’extrême, qui apportent un sentiment de malaise et une tension palpables à chaque page.
La banalité et la médiocrité, la pauvreté, le malheur tranquille sont omniprésents, mais Bove surpasse cette monotonie en l’érigeant en style d’écriture innovant, qui a fait dire à plusieurs critiques qu’il était un précurseur du « Nouveau Roman ».
Samuel Beckett a d’ailleurs dit de lui : « Il a comme personne le sens du détail touchant ».
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Publié en 1926, Armand est l'un des romans les plus étonnants de la modernité de l'entre-deux-guerres. À la suite du succès de Mes amis, premier roman d'Emmanuel Bove, Armand venait confirmer les dons eÎptionnels du romancier pour la qualité de l'observation psychologique et la finesse avec laquelle il sait débusquer les tensions et les rivalités sous la moindre parole, dans le moindre geste. Chez Bove, même les silences parlent. L'intrigue est simple : Armand habite avec Jeanne, mais il désire Marguerite, la jeune soeur de son ami Lucien. Cependant, l'intérêt est dans la manière de dire les choses de telle façon que se trouve suggéré un curieux déterminisme qui con-duit le héros à valoriser le malheur plutôt que le bonheur. Faire son malheur est une chose, le désirer en est une autre ; le premier choix répond à l'interrogation " comment ? " (séduire Marguerite), tandis que le second dévoile la question sous-jacente " pourquoi ?". C'est dans cette question que se trouve tout l'art du romancier, qui est de montrer au lieu de dire, qui est de feindre au lieu de peindre. Bove, c'est l'art du subjectif, de la pensée souterraine, qui fait que toute relation est foncièrement caractérisée par le malentendu