Annette Messager : Les messagers

Centre National Dart Et De Culture Georges Pompid

Annette Messager : Les messagers
608 pages
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Tour à tour artiste, collectionneuse, colporteuse, truqueuse, Annette Messager dévoile au Centre Pompidou ses œuvres majeures : entre fantasmagorie et auto-fiction, elles plongent le spectateur dans l’exploration de son intimité psychique.

Désarticuler le corps

Dans le hall du Centre Pompidou, une étrange installation accueille le visiteur. La Ballade de Pinocchio à Beaubourg a été imaginée spécialement par Annette Messager pour cette exposition qu’elle a voulu non comme une rétrospective, mais un « panorama » du travail qu’elle mène depuis plus de trente ans. Lentement, un personnage de bois est traîné entre des masses molles. De temps à autre, des fragments de corps humain en skaï rembourré tombent brusquement sur ce petit Pinocchio : mains, pieds, jambes, seins sont ceux auxquels rêve le pantin de bois, objet inanimé en quête d’une âme. On retrouve ce corps désarticulé dans une œuvre plus ancienne, Mes Vœux (1989), photomontage « boltanskien » où l’artiste expose son obsession du corps sexué.

La Ballade de Pinocchio illustre la dernière phase de l’évolution du travail de l’artiste : entre animé et inanimé, mort et vivant, une grande partie de l’œuvre d’Annette Messager est une variation sur le thème de l’organique. Ici apparaît aussi le thème, essentiel, de l’enfance, période du rêve, des peurs primaires, du bricolage psychique. L’installation fait le lien avec des œuvres plus anciennes, notamment avec les fameuses peluches, récurrentes dans l’œuvre de Messager. Depuis les Pensionnaires des années 1970, oiseaux emmaillotés par les soins de l’artiste, jusqu’au théâtre animé d’Articulés-Désarticulés (2002), Annette Messager projette son angoisse dans ces figures de substitution, supports de l’imaginaire pour l’enfant comme pour l’artiste.

Bricoler les rêves

Messager aime à bricoler les objets du quotidien, en soustraire la banalité pour en montrer la violence contenue : « Je me suis toujours intéressée aux arts dévalués, dit-elle. En tant que femme, j’étais déjà une artiste dévaluée. De là sans doute, vient mon goût pour l’art populaire, les proverbes, l’art brut, les sentences, les contes de fées, l’art du quotidien, les broderies, le cinéma… » En tant que femme artiste, Messager pratique la broderie ou le tricot, mais, avec ironie, elle les utilise pour créer des œuvres violentes, comme Anatomie, où la laine détricotée figure le réseau sanguin d’un corps fantasmagorique, ou dans la série des Sentences, suite d’assertions machistes proprement brodées sur des carreaux de tissu.

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