1941-1943 Premier journal parisien
Il y a des pays où les gens au creux des lits font des rêves... », chantaient les Résistants.
Fait trop oublié, car « les morts galopent vite », les beaux quartiers de Paris occupé étaient de ces îlots préservés. Tandis qu'on arrête et déporte les Juifs et que les Parisiens ordinaires – j'étais l'un deux et puis en parler – se débattent contre le froid, la famine, la misère et les brimades des occupants, la haute collaboration célèbre dans le VIIe ou le XVe siècle ses fêtes éphémères. La partie centrale du Journal d'Ernst Jünger, presque entièrement consacrée au Paris de l'Occupation (1941-1944) et présentée dans ces deux volumes, nous fait connaître des milieux très insulaires et très fermés.
Jünger fréquente l'état-major de Heinrich von Stülpnagel au Majestic, foyer d'une fronde courageuse et sans espoir, d'où partit la seule tentative, en pays occupé, de prise de pouvoir par l'armée, contre la S.S. et le Parti ; mais aussi les lieux de plaisir parisiens, des boîtes de nuit aux premières de Cocteau ; et surtout les salons littéraires, esthètes et politiques des « collaborateurs de haute volée.