Voyage sous les eaux T1 - Voyages sous les eaux
L'idée est séduisante : installer le lecteur aux premières loges de la rencontre entre le romancier Jules Verne et un de ses personnages clefs, le capitaine Nemo. L'angle d'attaque particulièrement attractif : la veine du fantastique, via le médium de la bande dessinée... Si on ajoute à cela que les deux auteurs ont déjà travaillé à l'adaptation BD d'un autre récit de Jules Verne, Un drame en Livonie, on se dit que l'entreprise vaut bel et bien le détour. De fait, les cases aérées de ce grand format flattent l'?il, de même que stimulent le découpage et les inserts singuliers des scènes d'action. Et nous voici aux côtés de Verne en 1869, à la pointe du Crotoy en baie de Somme, où l'auteur écrit à bord de son bateau, qui est aussi son "bureau flottant", ce qui deviendra le mythique 20.000 lieues sous les mers.Précisons toutefois que, si la fusion graphique/psychologique Verne-Nemo fait son effet, la progression de l'histoire en reste pour l'instant au stade des intentions : malgré des physionomies très travaillées, les personnages restent souvent flous, à l'instar du jeune garçon sans nom qui offre à Verne un curieux "livre d'eau" luminescent ou de la jeune princesse indienne qui fait son apparition, à la recherche d'un père inconnu. Quelque peu assombries par l'omniprésence du noir au sein de la gamme chromatique de l'album, ces abysses de la création aquatico-littéraire et du dualisme nemo-vernien s'éclairent heureusement avec l'intéressant cahier de la fin de l'album où le scénariste revient sur sa filiation avec Verne, et le sens de sa relecture. Bref, un premier volet d'installation qui laisse présager moult remous pour cette genèse vernienne new age.-- Frédéric Grolleau