Une vraie boucherie
Boucherie charcuterie Croquard à Monsac vers la fin des années 50, spécialités : pieds de cochon et littérature ! Richard, le boucher, s’active en sautillant derrière ses étalages, Mariette, la bouchère, écrit en secret un roman sous l’œil critique de Troubadour, son faux caniche nain. Le monde apparemment lisse et clos du petit commerce vénérable, du bourg de province dont on se distrait en allant assister à des réunions de catch à la sous-préfecture voisine et d’une époque aujourd’hui révolue, recèle pourtant quelques surprenantes échappées. Bizarrerie morphologique par-ci, mort étrange d’un tueur à l’abattoir local par-là, bataille rangée de chipolatas avec la concurrence jalouse sur un marché… Le réel tranquille et minutieux bascule bientôt dans le tragique, le délire et l’effroi, mais comme naturellement. Jusqu’à ce que, avec le temps, la Maison Croquard dérive désespérément, éperdument, dans sa propre et définitive consommation.
Une fois poussée la porte de la Maison Croquard, le client/lecteur bascule du réel et des charmes cocasses de la province dans un imaginaire débridé et tranchant, dont le boucher, la bouchère et l’entourage, en rêve ou en réalité, deviennent la chair même des meilleurs morceaux ! On pourrait presque parler d’une sorte de « delicatessen littéraire ». Un roman succuleusement noir et drôle !