Une saison de nuits
Joan Didion n'a pas trente ans lorsque paraît, en 1963, son premier roman -- premier jalon d'une oeuvre immense dont il annonce les thèmes de prédilection et le style si singulier. Une saison de nuits, c'est l'anatomie d'un couple, celui que forment Lily Knight et Everett McClellan, héritiers d'une longue lignée de pionniers californiens qui, par un été torride à l'aube des tumultueuses années 1960, voient s'écrouler leur empire sous le poids accumulés des faux-semblants, des non-dits et des trahisons. Le récit démarre et se clôt par un coup de feu, dont la détonation propulse le lecteur vingt ans en arrière, aux origines de ce lent effondrement. Prenant prétexte d'un drame domestique en apparence anodin (un mari tue l'amant de sa femme).
Didion, armée d'un lyrisme puissant et teinté d'ironie, tord le cou aux clichés romanesque pour dresser en visionnaire le tableau d'une Amérique à bout de rêves, entrée dans une saison crépusculaire dont elle ne ressortira plus.