Turner Whistler Monet
J'ai vu beaucoup de Turner (Whistler que nous aimions tant l'imite énormément). " Berthe Morisot, 1875." Turner naquit académicien et mourut impressionniste. [...] Si le mot impressionniste, eût été inventé, on le lui eût crié comme une injure [...]. Aujourd'hui que l'épithète est devenue glorieuse, on peut l'accoler au nom de Joseph Mallord William Turner. L'impressionnisme de Turner n'est pas niable. À partir du jour où il rompit délibérément avec les anciennes formules, il fit des phénomènes de la lumière l'étude constante et acharnée de sa vie. il décomposa le prisme solaire, chercha à en exprimer sur la toile les effets magiques au moyen de la combinaison des tons simples qui le composent. [...] Le récent procédé des impressionnistes français, de Claude Monet et de son école, la juxtaposition des tons simples qui produit, à distance, des vibrations d'une intensité prodigieuse, on le trouve en germe dans l'œuvre de Turner. [...] Ce qui fait l'originalité de Turner, c'est que l'imagination et l'observation livrèrent constamment bataille dans son âme d'artiste [...]. C'est le résultat des deux courants qui emportaient son art dans des directions différentes et entre lesquels il demeura ballotté. En se laissant audacieusement voguer sur l'un d'eux, Turner eût peut-être, un demi-siècle avant Monet, Monet et Renoir, créé l'école impressionniste qu'il avait vaguement pressentie. " Émile Verhaeren, 1885" Saviez-vous que je suis allé à Londres voir Whistler et que j'ai passé là une douzaine de jours, émerveillé de Londres et aussi de Whistler qui est un grand artiste... " Claude Monet, 1887Les Vues de la Tamise de Monet " se rapprochent des Nocturnes de Whistler, elles contiennent une musicalité de la nuance qui se transposerait aisément de l'œil à l'ouïe, et enfin elles se relient aux derniers vaux de ce glorieux Turner que Monet, le Turner français, est venu honorer, et non braver, jusque dans sa vieille Cité. Toute cette série, symphonie, ou suite d'orchestre, sur la Tannise, est profondément pénétrée du caractère londonien. "Camille Mauclair, 1924