Tripoliwood
Pendant 42 ans, la Libye a vécu derrière un écran noir et silencieux. De ce pays à cheval entre Orient et Afrique, on ne connaît presque rien — à part les discours fantasques de son guide déchu, Mouamar Kadhafi, autocrate aux allures d'Ubu roi. Soudain, le 15 février dernier, la rue s'est éveillée.Alors que la plupart des média se pressent à l'Est du pays, Delphine Minoui fait partie des rares journalistes accrédités par les autorités de Tripoli. Sous l'œil permanent des caméras du pouvoir, ils sont confinés à l'hôtel Rixos, un cinq étoiles au cœur de la capitale. Leurs sorties sont limitées aux voyages organisés. Le régime veut leur montrer "la" vérité — c'est-à-dire : sa vérité.Ce voyage surréaliste, comique parfois si ce n'était pas aussi une tragédie humaine, offre une vision inédite de la guerre en Libye. Où sont passées les victimes de la répression ? Pourquoi les blessés ont-ils disparu des hôpitaux ? Pourquoi les tombes des "martyrs" des frappes de l'OTAN sont-elles vides au cimetière ? Les journalistes sont-ils en train de devenir des boucliers humains ? Qui faut-il croire dans ce huis-clos libyen qui va durer six semaines ?Dans une atmosphère d'espionnage qui tient plus de Graham Greene que du reportage de guerre, ce récit nous fait entrer dans l'envers du décor.