Traduire Hitler
Pendant dix années, alors qu’il avait déjà traduit des dizaines d’ouvrages historiques sur le nazisme et l’antisémitisme, Olivier Mannoni a consacré une partie de son travail à la retraduction de Mein Kampf, une publication encadrée par une prestigieuse équipe d’historiens.
Il raconte ici cette lente descente dans un enfer textuel et intellectuel, les tempêtes suscitées par l’annonce de cette nouvelle édition, la lutte au corps à corps avec une prose confuse et pernicieuse, la nécessité impérieuse de l’affronter, envers et contre tout, avec des instruments qui sont normalement au service du savoir et de l’art. Il évoque les innombrables échos sociaux et politiques qui, depuis, se font entendre autour de lui, dans un monde où les démons semblent, peu à peu, renaître. Il dit aussi ce que cela signifie, pour un traducteur dont le métier est de se confronter aux mots, de vivre pendant des décennies avec l’ombre portée de ce qui reste – mais pour combien de temps encore ? – de l’une des périodes les plus terrifiantes de l’histoire de l’humanité.