Taba-Taba
Au départ, il y a un ensemble d’archives familiales miraculeusement préservées au fil des guerres et des déménagements et retrouvées par l’auteur à la mort de sa tante Simonne. Ces documents viennent nourrir une grande fresque romanesque sur la France, de Napoléon III aux attentats qui ont ensanglanté récemment le pays, en passant par la Grande Guerre et ses tranchées, puis par le Front populaire, la Débâcle, l’Occupation, la Résistance, le Vercors, la Libération. Le roman commence à Mindin, en face de Saint-Nazaire, au début des années 1960, dans un lazaret devenu hôpital psychiatrique : un enfant souffreteux, dont le père est administrateur du lieu, se lie d’amitié avec un des internés, un ancien de la marine qui, se balançant d’arrière en avant, répète sans cesse la même formule énigmatique : Taba-Taba. À partir de là, Deville déroule le long ruban de l’Histoire, en variant le microscope et le macroscope. Car la France, ce n’est pas seulement l’hexagone : le narrateur se promène autour de la planète, pour rappeler l’épopée coloniale avec quelques entreprises audacieuses (canal de Suez, de Panamá), mesurant ainsi l’état des relations avec le monde.