Sabra et Chatila, au coeur du massacre
Le massacre de Sabra et Chatila, commis contre des réfugiés palestiniens dans deux camps de Beyrouth, est une monstruosité de l'histoire. Une barbarie jamais étudiée, analysée comme la gravité l'exige. Trente ans après ce génocide scandaleusement jamais jugé, il n'est pas trop tard pour découvrir sa réalité. Au second jour de la tuerie, le 17 septembre 1982, puis le lendemain à l'aube, deux journalistes, Jacques-Marie Bourget et Marc Simon étaient là, seuls au milieu de l'enfer. Pendant trente ans personne ne leur a donné la parole pour qu'ils révèlent ce qu'ils ont vu. Aujourd'hui, l'existence de ce livre leur permet de révéler les faits dont ils ont été les témoins, d'évoquer les difficultés et vicissitudes du métier de journaliste. Ce récit prend la forme d'un carnet de reportage. Sur le terrain ils ont découvert l'entière collaboration entre les milices chrétiennes libanaises et le gouvernement israélien. Entre Ariel Sharon, attaché à liquider les Palestiniens, et Bachir Gemayel désigné comme ami et supplétif de "Tsahal". Sharon pressant les phalangistes de "nettoyer" des camps présentés comme des repaires du terrorisme Un argument naissant qui aura la vie dure et longue : liquider le terrorisme est aujourd'hui l'argument ordinaire utilisé pour humilier le monde arabe. A Beyrouth le 22 septembre, six jours après le début du premier massacre, les deux auteurs de ce livre ont vu l'armée française sciemment favoriser une seconde tuerie. Elle a ouvert les portes des camps à des miliciens chrétiens pas encore repus de sang. On lira qu'alerté par le truchement de Régis Debray, le gouvernement de François Mitterrand n'a pas bronché à l'annonce de cette nouvelle barbarie.