Rome, le temps, les choses
Ici ou là, dans nos gestes, dans nos valeurs, dans notre culture politique et dans nos mémoires, nous sommes, encore aujourd'hui, un peu romains. Nous aurions bien du mal, en tout cas, à prétendre le contraire. Or voilà : l'emprise de Rome sur notre culture ne suppose aucun "miracle". Il n'y a pas de "miracle romain", il n'y a qu'un labeur. Rome est un évangile sans messie. Une construction si profondément humaine qu'elle a tous les mérites et toutes les pesanteurs de l'humain : on y rêve rarement, et pourtant on s'éblouit de durables beautés. " Les temples, les forums, les aqueducs, mais aussi les figures héroïques, la citoyenneté, l'armée, le droit, les textes et même la philosophie, autant de signes d'une présence obstinée de Rome dans notre mémoire culturelle : Jacques Gaillard, bousculant nos représentations familières d'une Rome empesée, scrute ici non sans humour mais avec beaucoup de rigueur les corps visibles que donnaient les pragmatiques Romains à leurs principes et à leurs valeurs. Où l'on constate qu'une idée ne commence à exister vraiment que quand elle devient chose... et que Rome, bâtissant son empire avec une ambition sur le temps, n'a jamais construit de choses qui ne devinssent des signes.