Rien sur ma mère
Je l'ai forcément lue, sa date de naissance. Peut-être même ai-je vu passer la date du décès. Sur un papier, extrait de naissance, fiche d'état-civil, on demande toujours des tas de papiers... Je les ai oubliées, ces dates, à peine lues, ou bien ai-je refusé même de les lire. Bien fait pour elle. Elle n'avait qu'à pas me laisser, elle n'avait qu'à pas partir, comme ça. Magnifique ode à la mère de Christine Détrez qui raconte comment une petite fille aimée, choyée, garde une blessure ineffaçable. Une mère quelle ne voit plus. Une mère hors cadre, hors champ, et en même temps, une mère qui a aidé à marcher, à s'élancer. L'idée de cette présence na jamais disparue même une fois lâchée la main de lenfant. Et pourtant sur certaines photos, elle souriait à ce bébé quelle tenait dans ces bras, avec cet air dinfinie douceur quont toutes les mamans sur toutes les photos, ce bébé que jétais, elle embrassait cette petite fille que jétais. Sur ces photos, on aurait dit quelle maimait. Et le silence, épais, lourd, indéchiffrable. Celui de la mère et celui des autres autour de lenfant. Et les yeux de la petite fille devenue elle-même maman, ses yeux sur ceux dElsa, sa petite fille. Fulgurance du récit, va et vient bouleversant entre lallégorie de la mère et la chaude présence charnelle dElsa. Deux passions se confondant dans chaque pas de danse dans chaque absence de souvenir, dans limpossible oubli. Une écriture sans accroc, sans halte, un éclair qui vous passe devant les yeux et vous laisse ébloui.