Rabbit en paix
Rabbit en paix, ou « Requiem pour Rabbit », 39e livre de John Updike, clôt la tétralogie de Harry « Rabbit » Angstrom dont, depuis trois décennies, les heurs et malheurs jalonnent l'œuvre de l'auteur. Si dans Cœur de lièvre, Rabbit rattrapé et Rabbit est riche Harry Angstrom s'obstine à courir après la gloire, l'argent, et les illusions de l'amour, il se borne, dans cet ultime épisode, à lutter contre l'oisiveté, l'ennui, les fantômes de sa jeunesse et de ses espoirs déçus, et la peur de la mort. À cinquante-cinq ans, repu et nanti, empêtré dans les liens du sang et du mariage, affligé d'« un cœur américain typique », il voit sa vie comme « une chose absurde qu'il sera soulagé de rejeter un jour ». Rabbit en paix est avant tout un roman fresque qui englobe, au fil de l'errance du héros, de multiples fragments du kaléidoscope ethnique et culturel de l'Amérique ; une Amérique dont Updike souligne les paradoxes, les aberrations et la vitalité, au gré de ses mutations de style, de mode et de langage. Ce roman témoigne d'une invention, d'une verve et d'un humour qu'illustrent une langue encyclopédique et un style débridé. Un roman de la maturité, doux-amer et en demi-teintes, où Updike se montre fidèle au double but qu'il assigne à l'écrivain moderne : « répondre à la vie ; ... dépoussiérer et renouveler le roman ».