Quand les artistes peignaient l'histoire de France
C'est tout un peuple de grands personnages et d'humbles anonymes qui s'avancent dans ces pages, sur la grande scène de l'Histoire de c France, en bon ordre. Le baptême de Clovis, les invasions vikings, l'aventure de la croisade, la guerre de Cent ans, la victoire de Marignan, (1515 !) le massacre de la Saint Barthélemy, l'assassinat d'Henri IV, le siège de La Rochelle, la convocation des États généraux en 1789, la retraite de Russie, la révolution de 1830, la Commune... Sur leurs toiles parfois immenses, (en argot du métier : les « tartines »), les peintres du XIXe siècle ont su reconstituer, avec un sens du détail étourdissant, ces grands événements historiques, qui sont autant de repères dans la mémoire collective. Ces oeuvres édifiantes dont beaucoup furent des commandes de l'État, - la fameuse galerie des batailles du château de Versailles en est un exemple -, étaient destinées à enseigner au public l'histoire de France, en ne montrant - il est vrai que les heures glorieuses de la nation. Mais ces artistes, s'ils étaient d'abord de brillants techniciens (eÎllant à rendre les croupes des chevaux, les reflets des armures, le velours des tentures, ou les cols de dentelles des princes frondeurs), ils avaient aussi le goût des hommes, de leur grandeur et de leurs élans absurdes. Explosions, coup de canons, abandon, harangue, sens du sacrifice, orages inopinés qui font s'enliser l'artillerie, intrigues, coup de majesté ou coup d'état : avec ces maîtres, pourtant si académiques, l'histoire sent le salpêtre et un peu la sueur des foules ; elle bruit du galop des cavaleries ou du murmure des complots. On aurait presque le sentiment de voir l'Histoire de France elle-même, se cabrer, se cambrer sous nos yeux. En somme, elle s'incarne. Elle est un grand corps, une de ces statues martiales et robustes que l'on reconnaît sans la connaître. Horace Vernet, Jean-Paul Laurens, Paul Delaroche et d'autres, nous permettent de revisiter l'histoire de France, ensemble... pour le plaisir.