Prenez un coq
Prenez un coq et plumez-le jusqu'à lui faire rendre l'âne. Car il n'y a jamais loin du coq à l'âne, guère plus que de la coupe aux lèvres, guère moins que du Capitole à la Roche Tarpéienne.
Pendant l'été 2003, l'auteur fut mis en demeure chaque jour d'illustrer par la plume une expression qu'il n'avait pas choisie, tombée par hasard dans une conversation et prise au pied de la lettre : «Passer du coq à l'âne». On voit bien qu'il suffisait de plumer l'un pour éviter le bonnet de l'autre.
Le passage du coq vers l'âne est étroit et ne connaît pas de retour. Pour l'avoir traversé trente-cinq fois, et revenir à vide dans le sens de la pente, on peut dire ce qu'il faut d'humour, de santé, d'érudition et de mauvaise foi, d'abnégation et de ridicule pour fouiller des entrailles qui ne nous ont rien fait, les retourner comme des gants (c'est assez salissant), leur chatouiller l'étymologie, la généalogie et la parentèle pour que, comme jadis elles prédisaient à Rome un avenir incertain, elles nous lâchent de guerre lasse : «Pour faire l'âne, c'est par là...»
Nous y sommes.