Je rebouche mon stylo, je gagne furtivement l'entrée de notre appartement, je me calfeutre, l'oreille contre la porte. J'attends monsieur Constant. Notre voisin. Il est psychanalyste. C'est écrit sur cette plaque, juste sous sa sonnette : Pierre-Gilles Constant, psychanalyste.

Je n'en sais pas plus que ces quatre mots, mais le seul fait de les articuler m'électrise des cheveux aux orteils. Chaque jour, vers dix-sept heures trente, il descend acheter un croissant à la boulangerie. Deux à trois fois par semaine, je m'arrange pour descendre avec lui, je fais mine de me rendre à la boulangerie par hasard. Les minutes s'étirent en brinquebalant sur cinq étages, et quelque chose en moi semble s'apaiser.

La proximité silencieuse de sa personne me fait du bien. Je convoque en mon esprit mes problématiques du moment, des solutions me viennent. J'ai l'impression d'avancer. Voilà. Ce sont mes séances. C'est ainsi que je les nomme. J'ai entrepris une sorte de semi-psychanalyse d'ascenseur. »Après l'immense succès de « la génération spontanée des grumeaux » et du « début des haricots », avec près de 30.000 lecteurs, découvrez « Plus que toute autre chose », le nouveau roman de Fanny Gayral, un texte drôle, profond et très émouvant.