Patti Smith Horses
En 1975, dans un New York en surfusion, à l’écart du son des protopunks, surgit un disque culte, un brasier de poésie rock, « Horses ». Après Janis Joplin, Patti Smith est la pionnière d’un nouveau visage d’un rock au féminin, un rock anguleux, halluciné, aux confins des continents oniriques et des grands voyants de la littérature maudite. La fureur du rock des sixties s’est vue apprivoisée dans les seventies, récupérée par le show business. Dans un rock en passe de s’institutionnaliser, le Patti Smith Group réinjectera de la sauvagerie, de la rébellion, des envols sous substances.
Celle qui est hantée par une tribu élective de voyants — Rimbaud, Genet, Modigliani, Pollock, Pasolini, Bresson, Brancusi, Isabelle Eberhardt… —, livre avec « Horses » un ovni explosif produit par John Cale. Dotée d’une aura, d’une présence scénique de derviche tourneur, Patti Smith libère une liturgie orale incendiaire de sa voix magnétique, ample, au timbre tour à tour rugueux, hypnotique, velouté.