Parlez-moi d'horreur
Pour l'auteur de Psychose, écrire, c'est obligatoirement désarticuler la machine du quotidien, du bon sens, détourner, déjouer le comportement apparent des individus. En cela, Robert Bloch suggère une véritable psychologie du surnaturel. Ce qui l'intéresse, ce sont les cas-limites et la plupart de ses héros sont ainsi des malades – des malades de peur et des malades de la peur -, des êtres défaits, conduits à leur corps défendant à ce point de rupture insaisissable où la lucidité dérape et brusquement se pétrifie. Alors, c'est l'horreur. La terreur quand surgit la peur du connu : ce qu'on redoute et qui se produit, ce qu'on pressent sourdement et qui soudain se manifeste. L'horreur quand surgit la peur de l'inconnu : ce qu'on ne savait pas, qu'on n'imaginait pas et qui s'accomplit quand même, au mépris des lois élémentaires de la perception et de la connaissance.
Cette psychologie du surnaturel, Robert Bloch l'a dépeinte dans des centaines de contes. Une majorité d'entre eux constituent de petits chef d'œuvre du genre, et, en les lisant avec attention, on est contraint de reconnaître que l'auteur est le maître de l'épouvante ».
Robert Bloch est né aux USA en 1917. Lecteur assidu de « Weird Tales », à l'âge de 15 ans, correspondant et ami de Lovecraft qui l'encourage à écrire. Auteur de Psychose dont Hitchcock a tiré son film le plus célèbre, Bloch se partage entre le policier et le fantastique. Le monde des ténèbres (Série noire), L'incendiaire, L'écharpe (Red Label) montrent sa maîtrise dans le policier, avec un climat riche en suspense, à la limite du fantastique. Le crépuscule des stars (Red Label), son chef d'œuvre pour certains, est un vibrant hommage au cinéma muet. Toujours à la limite du fantastique, son superbe roman Un serpent au paradis vient d'être traduit dans Fayard-Noir, grâce à François Guérif qui lui a également consacré un numéro spécial de la revue Polar.
Contes de terreur (Opta) et surtout Parlez-moi d'horreur... prouvent le génie maléfique de Bloch.