Oeuvres
Décédé en 2005 à l’âge de 91 ans, Claude Simon, Prix Nobel de littérature en 1985, entre en Pléiade tout juste un an après sa mort. En fait, l’écrivain de la débâcle historique aurait dû y entrer de son vivant, comme Julien Gracq, autre géant de la littérature française de la seconde moitié du XXe siècle, mais la mort en aura voulu autrement, n’empêchant pas cependant la publication d’un ouvrage pensé par l’auteur lui-même, depuis le plan du volume jusqu’au choix des œuvres publiées, depuis le choix des éditeurs jusqu’à la relecture de l’appareil critique.
Le lecteur ne trouvera ici aucun texte antérieur à 1957, Claude Simon considérant que son œuvre ne commence véritablement qu’à partir de cette date et la publication du Vent, tentative de restitution d’un retable baroque. Outre ce texte, sont ici rassemblés La Route des Flandres, Le Palace, Femmes/La Chevelure de Bérénice, La Bataille de Pharsale, Triptyque, le Discours de Stockholm, Le Jardin des plantes, ainsi que de nombreux autres écrits inédits ou introuvables. Cet eÎptionnel volume Pléiade offre ainsi une large vision de la prose chaotique d’un homme profondément marqué par la guerre et l’effondrement de l’Europe au milieu du XXe siècle.
Claude Simon n’était pas un écrivain comme les autres. Par sa rage d’écrire, par son aptitude à capter l’incandescence des événements (en digne héritier de Faulkner), par son attraction pour la fulgurance des images (n’était-il pas l’ami des peintres ?), par la puissance de sa résistance au néant du temps (en digne écrivain de la mémoire active, comme Proust), par l’érotisme de sa pensée, par son génie pour renouveler un genre romanesque en prise avec une époque cataclysmique tellement difficile à saisir littérairement, il restera dans le panthéon des lettres françaises comme une coulée de lave au goût unique.