Odyssée Odessa
Kléber étala la viande sur la table et la coupa en morceaux, à l'aide de son Pradel. Ce fut Tépaz, l'un des piranhas, qui, le mieux placé, attrapa le premier morceau de boeuf. Son frère Arsène se ruait déjà pour lui bouffer la gueule. Dora, la murène des sables, doucement ondula jusqu'à la surface de l'eau. Elle fixa Kléber de ses deux billes d'acier. Le TV Killer balança le reste de la viande, en vrac. Un gros bouillon se produisit. Youri, fasciné par le spectacle, s'était approché :
- C'est beau.
Kléber qui était un fameux bricoleur avait transformé le vieux Continental Edison en aquarium :
- C'est mon émission préférée.
Rembobinez, vous êtes cernésu2009 ! Dounovetz Serge alias Chefdeville, bien connu de nos services (de presse), voir l'épisode précédent (Je me voyais déjà..., éd. Le Dilettante) : un dur du cuir adonné à toutes formes d'aventures en roue libre : machiniste un jour, chauffeur de stars le surlendemain, dissident de la plume en résidence, coach à risque d'écrivain imbibé, et surtout, surtout, polardier dans l'âme. La résurrection bien attendue d'un de ses hauts faits de plume : Odyssée Odessa. Signalons tout de suite que l'opus ne fait pas dans le light et le mi-cuit, qu'odyssée il y aura, mais qu'à Odessa on n'ira pas. Polar servi dans sa graisse avec, un oeil à l'affiche, Kléber truand madré et TV Killer chevronné, Eva, sa gueule, coiffeuse, Bérengère, aide shampouineuse «aux cuisses douces comme des pierres de talc», le beau Youri, ukrainien, et Hadji, comparse. Barricade d'en face : le commissaire Mérou et Leprince, flic black, et un nain à face de pitbull. Au fil d'une intrigue trépidante comme une machine à pop-corn, bouteilles de s'aligner, dames de s'écarteler, mort de s'empiler. La caïra des banlieues venant se joindre à la ronde, ainsi que quelques fronts bas de l'Algérie française. Une histoire sans foi ni loi, un concerto pour K7 vidéo bien gênante, dépassements de vitesse et défouraillage au quotidien, une course en sac où on la joue tête-bêche, poker menteur et la main sur le colt. Bilan : un Dounovetz beau comme la rencontre impromptue sur un capot de R8 Gordini d'un sécateur et d'une main courante, d'un juke-box Wurlitzer et du Dies iræ. Bouclez ceinture, et roulez jeunesse !
Odyssée Odessa est le deuxième roman noir de Dounovetz (Serguei pour les intimes) publié aux éditions Le Dilettante, après "Moviola" (1994), il signe également chez le même éditeur des récits sous le nom (de sa mère) Chefdeville : "L'Atelier d'écriture" (2009), "Je me voyais déjà..." (2012).
Livres de l'auteur : Serguei Dounovetz
Dimension de Capes et d'Esprits - T1
Dimension de Capes et d'Esprits