New York, petite Pologne
J'allais faire un tour du quartier tous les matins, je venais d'arriver, je m'éloignais progressivement de ma rue de façon géométrique, ajoutant des carrés aux carrés en me repérant aux affiches et à d'autres détails ; je n'avais pas de cartes, je ne voulais pas faire touriste. Elle a fini par me demander d'où je venais, une question qui a présidé à toutes les rencontres que j'ai faites, une entremise polie de la curiosité pour m'aborder. Quand ça me cassait les pieds je répondais de Pologne, d'Europe de l'Est, les communistes quoi et ça refroidissait, c'était crédible ; tout de suite ça faisait moins européen. J'ai aussi été italienne, mais enfin, française, c'était ce qu'il y avait de mieux.
Lorsque la narratrice arrive à New York, dans les années quatre-vingt, elle n'y connaît personne. Pas à pas, elle va découvrir la ville. Rien ne semble l'effrayer ni même l'étonner : ce monde nouveau, elle l'appréhende à sa manière tranquille, sensitive et sensible. Arpentant New York comme la campagne de son enfance, c'est-à-dire ouverte à toutes les surprises et à tous les possibles, attentive aux détails, aux choses et aux individus... Avec son style inimitable, fait de fragments de sa vie quotidienne, tantôt cocasses tantôt émouvants, Emmanuelle Guattari dresse le portrait iconoclaste d'une New York très personnelle.