Misère du roman
C’est une énigme de ce pays : pourquoi, après avoir inventé le roman réaliste et en avoir fait un genre dominant, s’est-il acharné à le détruire ? Au point qu’à la fin des années soixante, on enregistrait un double avis de décès : non seulement le roman, mais l’auteur étaient annoncés morts. En tenir responsable une seule convulsion littéraire organisée par des linguistes et autres sémiologues ce serait ne pas voir plus loin que le bout de la phrase. En se retournant, à présent qu’on en a fini avec la “table rase du passé”, on peut mieux juger de la composition du cocktail létal, qui mêle littérature, idéologie et histoire. Et ce qu’il raconte, c’est que la fameuse marquise, interdite de sortie à cinq heures par Valéry, a traversé le XXème siècle escortée d’une armée de fantômes.