Mémoires d'un valet de pied
Les mémoires sont à la mode. Pourquoi donc n'écrirais-je pas les miens ? Je possède toutes les qualités requises pour réussir dans ce genre de littérature : une haute opinion de mon propre mérite et une bonne envie de médire de mon prochain. "
Ainsi débute le récit par son valet, de la conquête de la fortune, puis de la ruine d'un jeune aristocrate sans scrupules, victime de sa propre malhonnêteté et de l'extraordinaire naïveté dont il fait preuve face aux manœuvres de son propre père, un aigrefin de haut vol, et d'une dame férocement jalouse et vindicative. Ici, ce n'est pas la vertu qui triomphe du vice. C'est le vice habile et impitoyable qui vainc la dissipation et la pitoyable sottise.
Dans ce récit fourmillant de vie et de drôlerie, Thackeray donne libre cours à sa fantaisie et à son inventivité comique. Il y porte surtout une violente attaque contre la société britannique de son temps, contre ses classes réputées supérieures, l'aristocratie de la naissance désormais trop désargentée pour tenir son rang par des moyens honnêtes, mais que des flagorneurs ne demandent encore qu'à aduler.