Mamy Ward
Après la guerre, c'était il y a cinquante ans. Cinquante ans déjà. Cinquante ans seulement.
Une époque naïve et bon enfant, où le franc était ancien, les garçons et les filles séparés à l'école, où la publicité s'appelait la réclame, où les cabinets se trouvaient au fond des cours, avec pour tout papier du journal découpé en morceaux. On allait chercher le lait fumant à la ferme. Des chevaux noirs emmenaient les morts au cimetière. Une époque sans télé, sans ordinateur, sans ennui.
Gégé a été placé par ses parents, Maurice et Dédée, chez Mamy Ward, une amie de sa grand-mère qui s'improvise nourrice pour lui et l'élèvera pendant dix ans, avec son mari Frédo, à Villeneuve-Saint-Georges. Mamy Ward a un œil de verre, une grande gueule et un cœur d'or. Elle en a bavé dans la vie. Mais quand elle est de bonne humeur, elle chante, et c'est le paradis. Entre elle et Gégé, c'est d'amour qu'il s'agit. Auprès d'elle, avec ses copains, et lors de ses escapades à Paris avec son oncle, l'écrivain René Fallet, et l'ami de celui-ci, un inconnu qui chante dans sa moustache, Georges Brassens, Gégé apprend, regarde, écoute, se souvient. Il devient écrivain.