Libres d'obéir

Johann Chapoutot

Libres d'obéir
176 pages
Popularité
Popularité du livre : moyenne
Notes
Note globale
★★★★★
★★★★★
4.24
Note personnelle
★★★★★
★★★★★
0

Reinhard Höhn (1904-2000) est l’archétype de l’intellectuel technocrate au service du IIIe Reich. Juriste, il se distingue par la radicalité de ses réflexions sur la progressive disparition de l’État au profit de la «communauté» définie par la race et son «espace vital». Brillant fonctionnaire de la SS – il termine la guerre comme Oberführer (général) –, il nourrit la réflexion nazie sur l’adaptation des institutions au Grand Reich à venir – quelles structures et quelles réformes? Revenu à la vie civile, il crée bientôt à Bad Harzburg un institut de formation au management qui accueille au fil des décennies l’élite économique et patronale de la République fédérale : quelque 600 000 cadres issus des principales sociétés allemandes, sans compter 100 000 inscrits en formation à distance, y ont appris, grâce à ses séminaires et à ses nombreux manuels à succès, la gestion des hommes. Ou plus e¬tement l’organisation hiérarchique du travail par définition d’objectifs, le producteur, pour y parvenir, demeurant libre de choisir les moyens à appliquer. Ce qui fut très e¬tement la politique du Reich pour se réarmer, affamer les populations slaves des territoires de l’Est, exterminer les Juifs.

Passé les années 1980, d’autres modèles prendront la relève (le japonais, par exemple, moins hiérarchisé). Mais le nazisme aura été un grand moment managérial et une des matrices du management moderne.

Autre résumé :

Reinhard Höhn (1904-2000) est l'archétype de l'intellectuel technocrate au service du III e Reich. Juriste, il appartient à la pointe la plus avancée, par sa radicalité et ses réflexions d'avant-garde sur la progressive disparition de l'État au profit de la « communauté » définie par la race et de son « espace vital ». Brillant fonctionnaire de la SS, chargé de nourrir la réflexion du parti nazi, du ministère des Affaires étrangères et de la Wehrmacht sur l'adaptation des institutions de l'État au Grand Reich à venir - quelles structures et quelles réformes ? - il termine la guerre comme Oberführer (général). Revenu à la vie civile sans être inquiété, n'ayant pas commis de crime sur le terrain, il crée bientôt un institut de formation au management des élites économiques de la République fédérale, Bad Harzburg, et multiplie les manuels d'enseignement. Quelque 600 000 cadres issus des principales sociétés allemandes, sans compter 100 000 inscrits en formation à distance y ont appris le management. Ou plus e¬tement l'organisation hiérarchique du travail par définition d'objectifs, le producteur, pour y parvenir, demeurant libre de choisir les moyens à appliquer. Ce qui fut très e¬tement la politique du Reich pour se réarmer, affamer les populations slaves des territoires de l'Est, exterminer les Juifs. Passé les années 1980, d'autres modèles de management prendront la relève (le modèle japonais, par exemple, moins hiérarchisé).

La question que pose Johann Chapoutot, c'est celle de l'adaptabilité des mêmes formes d'organisation productives à des régimes politiques qui peuvent être résolument opposés, dès lors que cesse la réflexion sur la nature sociale du travail.

Livres de l'auteur : Johann Chapoutot