Les meilleures intentions
Par suite de quel malentendu des êtres animés par les meilleures intentions peuvent-ils se faire autant de mal ? C'est une question qu'Ingmar Bergman n'a cessé de se poser à propos de ses parents dont il a ici essayé d'imaginer et d'analyser la vie jusqu'au moment de sa propre naissance. Cette histoire se déroule donc dans une Suède encore assez idyllique, que connaissent bien les spectateurs de son film 'Fanny et Alexandre'. On y perçoit cependant déjà la montée des conflits sociaux et la fragilisation non seulement d'un certain monde bourgeois mais aussi d'une conviction religieuse, où idéal et ambition tirent parfois dans des directions divergentes. Ici, les sympathies de l'auteur semblent aller à son père, homme violent et étrangement gauche, conscient de ses maladresses et persévérant malgré lui dans ses erreurs. Il nous montre aussi la naïveté un peu coquette des bonnes intentions de sa jeune épouse. Il en résulte un livre qui n'est ni un document - bien que tissé de souvenirs et de faits sans doute vrais - ni vraiment un scénario, ni tout à fait, par l'importance donnée aux dialogues, un roman au sens traditionnel du mot.