Les Voies de l'accomplissement
L'auteur propose un parcours à la fois modeste et ambitieux.
Après avoir dessiné, dans plusieurs ouvrages (Lumière, commencement, liberté, Construction d’un château, Les Actes de la joie, La Jouissance d’être, La Nacre et le Rocher) une doctrine du sujet qui fonde une éthique du bonheur, l’auteur se retourne sur la culture qui l’a précédé et présente quelques textes qui font écho à ses propres recherches. Les spécificités de chaque auteur sont si patentes qu’elles permettent d’écarter l’idée de redondances. Mais la similitude des préoccupations, évidente en chaque étape existentielle, permet de souligner la parenté profonde de tous les humains. L’auteur nous dévoile ainsi un universel concret et un nouvel humanisme.
À cette modestie philosophique s’ajoute une ambition, elle aussi philosophique. Car il s’agit, pour Robert Misrahi, d’organiser son regard rétrospectif (la suite et l’enchaînement des textes cités) selon un itinéraire précis, à la fois existentiel et logique, un cheminement qui conduit des affirmations de l’angoisse aux constructions de la joie.
À travers la nuit des souffrances, la quête du Désir, les dénégations du renoncement, la découverte des deux libertés, le courage de la conversion, les approches de l’accomplissement et l’instauration du bonheur d’être, l’auteur trace un itinéraire ascendant. Cet itinéraire, maladroitement suivi par l’humanité au travers d’expériences discontinues, solitaires et mal pensées, est cependant révélateur d’un souci commun et d’un pouvoir partagé.
Il se pourrait donc que l’expérience multiple de la littérature et de la philosophie, à défaut de cautionner entièrement une doctrine réflexive de la jouissance de vivre, justifie au moins son mouvement et en confirme la pertinence.