Les Femmes illustres / De Mulieribus claris
Rédigé en 1361/2, le De mulieribus claris (Les Femmes illustres) de Boccace constitue la première collection, dans l\u02bchistoire occidentale, de biographies féminines (106). Inspiré, de l\u02bcaveu même de Boccace, par la lecture du De viris illustribus (Les Hommes Illustres) de son ami Pétrarque, cet ouvrage propose une compilation raisonnée des « histoires », païennes et chrétiennes, de femmes remarquables, dont Boccace met en exergue l\u02bceÎllence, dans le bien ou le mal, quitte à tirer de ce « mal » la leçon de morale appropriée. On y retrouve donc de grandes silhouettes tracées par Tite-Live, Pline l\u02bcAncien ou Suétone mais venues aussi de saint Jérôme ou de la Bible (le livre commence par une « biographie » d\u02bcEve). Les propos dépréciatifs traditionnels, hérités des deux antiquités, sur la faiblesse de caractère des femmes, n\u02bcy manquent certes pas mais transparaît déjà, dans la louange de figures comme celles de Nicostrata ou Epicharis, une évolution certaine des mentalités, provoquée par les prodromes de la réflexion humaniste sur les vertus féminines. Ce livre, vite traduit en français (Laurent de Premierfait) ou en allemand (Heinrich Steinhöwel) marqua fortement son époque puisqu\u02bcy puisèrent aussi bien Chaucer pour The Canterbury Tales que Christine de Pisan, en 1405, pour son Livre de la cité des dames. Dans cet ouvrage d\u02bcinspiration nouvelle, Boccace donne donc au lecteur moderne un aperçu, vaste et souvent piquant, des attitudes médiévales à l\u02bcégard des femmes, à un moment où les élites renaissantes vont changer leur regard sur les potentialités féminines.