Le paradis
La Paradis existe peut-être – d’après Moravia – mais il est certainement vide. Vide, en tout cas, de ces trente-quatre femmes, jeunes et belles, qui parlent à la première personne, simplement, comme si elles décrivaient ce qui arrive quotidiennement à tout le monde, tandis qu’elles donnent vie aux étonnements phantasmes de leur esprit malade.
Toutes différentes, mais en somme toujours semblables, amantes, épouses, mères, fiancées, elles dansent complaisamment devant leur miroir en exécutant fantastique strip-tease sans musique, plus révélateur que ceux des cabarets. Et Moravia, comme toujours inimitable narrateur, les dirige au milieu de cette société de consommation dont elles sont peut-être les victimes mais aussi certainement les complices et souvent les profiteuses.
Malgré l’oppressante atmosphère qui les enveloppe, ces nouvelles font souvent rire, mais en inquiétant un peu : les personnages, les mots, les situations, les associations d’idées dégagent un comique sans violence, prodigieusement percutant, qui dérange malignement les idées établies.