Polstar T1 - Le Mérou
Mégalopolis, capitale de l'empire. Une bande de béton étirée à l'infini où se dressent des tours gigantesques. En son centre, un enchevêtrement de végétation dans lequel nul habitant ne s'aventure jamais. Car la peur rôde. Celle que font régner sur la ville et ses habitants les trois "Sages". Des dirigeants omnipotents qui garantissent le bonheur pour tous mais qui surveillent la population grâce à leur redoutable Censoritate... Seul le Mérou, justicier implacable, défie leur pouvoir totalitaire. Mais bientôt, un autre homme décide de se dresser. Il s'appelle Polstar. Nicolas Polstar. Avec son mètre cinquante-sept, il n'a pas l'air bien redoutable. Jusqu'au jour où il rentre chez lui et trouve sa famille assassinée... Attention, action à tous les étages ! Présenté par les auteurs comme une "série d'anticipation gore", Polstar est un récit diablement efficace. Du rythme, des cadrages "comme au cinéma", un découpage nerveux et des dialogues sans bavardage superflu : voilà une saga aussi teigneuse que l'est le héros, petit homme plongé du jour au lendemain dans un destin peut-être un peu grand pour lui. Les auteurs ne sont pas des inconnus : il s'agit de la famille Léturgie. Le père, Jean, écrit les scénarios que dessine le fils, Simon. On leur doit notamment les aventures de Spoon & White, duo de flics minables mais franchement hilarants. Dommage que le trait de Léturgie fils évoque à ce point celui de Conrad, dessinateur des Innommables. Mais ne boudons pas notre plaisir : Polstar fonctionne au quart de tour. Et le décalage entre le graphisme – dans la veine des bandes dessinées de l'hebdomadaire Spirou – et la noirceur du propos ne manque pas de séduction. --Gilbert Jacques