La saison des adieux
Ce Sud-Africain fidèle au vieux parler de source batave qu’est l’afrikaans (et que parlent encore aujourd’hui plusieurs millions de personnes, dont une bonne part de Noirs) est mal connu chez nous, où n’a été traduit de lui qu’un seul parmi la quinzaine de romans de haut vol qu’il a publiés (En étrange pays, Laffont, 1991 ; Rivages/Poche, 1998).
Et ce lors même qu’il est considéré de par le monde comme l’un des plus grands écrivains du continent africain. (Phébus s’apprête à mettre en traduction, à la suite de La Saison des adieux, plusieurs autres de ses romans.)
Adriaan, un poète de langue afrikaans qui vit au Cap, se sent à un tournant de sa vie. Nous sommes dans l’Afrique du Sud des années 70, à demi ruinée par l’intolérance et par la répression, et la plupart des amis d’Adriaan ne songent plus qu’à quitter le pays.
Quant à lui… son ami de cœur est parti s’installer aux États-Unis, et le musée qui l’emploie doit fermer ses portes par mesure de sécurité – mais surtout parce que plus personne ne songe à visiter un tel lieu…
Proche de la dérive, incertain de lui-même et de tout, Adriaan se dit pourtant qu’il n’est pas l’heure de déserter. Il sait que la difficulté d’être est partout, que la vie en société n’est qu’un masque destiné à camoufler la solitude de chacun.
Lui-même n’a jamais voulu composer avec cette solitude : il a même choisi de l’épouser, de la boire à lentes goulées pour en apprivoiser l’amertume.
Attitude de sagesse ? Peut-être, mais à condition de se persuader que la sagesse n’est jamais que l’envers d’une souffrance. Enfin la beauté de cette terre est là, malgré les pluies de la mauvaise saison. Et peut-on jamais désespérer tout à fait de ce qui est beau ?