La mort d'Agrippine
Unique tragédie de Savinien de Cyrano de Bergerac qui relaie les pensées libertaires de l'écrivain et dénonce la noirceur et les manipulations d'un monde politique qui instrumentalise la religion. La pièce ayant fait scandale par son athéisme et son épicurisme, est précédée d'un essai sur la pensée politique de l'auteur et sa place au sein des libertins érudits de la première moitié du XVIIe siècle en France.
La Mort d'Agrippine, la seule tragédie que Cyrano de Bergerac ait écrite, fit scandale pour ses " belles impiétés " : elle met en scène le libertinage de pensée le plus radical, dans un monde politique machiavélien d'une noirceur, d'une cruauté et d'une violence inouïes. Il est temps de redécouvrir la sombre splendeur et le potentiel critique de cette oeuvre sulfureuse et aujourd'hui trop méconnue, dont l'un des héros principaux, Séjanus, " soldat philosophe " ouvertement athée, tient des propos de " déniaisé " imprégnés de la philosophie de Lucrèce, et fait écho à toute une littérature clandestine dénonçant, en ces mêmes années, autour de Cyrano, l'invention et l'utilisation politique des religions. Mais dans l'horizon de cette politique baroque où tout est feinte, mensonge, dissimulation, l'épicurisme subit des distorsions étranges, et l'émancipation de l'" esprit fort " à l'égard des croyances asservissantes et des impostures théologico-politiques ne débouche que sur un échec spectaculaire et une sanglante mise à mort.