La jubilation des hasards
Le narrateur, Eugenio Tramonti (personnage d'un précédent roman, Le vol du pigeon voyageur) reçoit un jour la visite d'une étrange petite dame vêtue de gris, qui dit avoir quelque chose à lui apprendre au sujet de son père Alessandro, mort depuis plus de quarante ans : il serait à New York, bien vivant, mais âgé de six mois environ. Bien entendu Eugenio la prend pour une folle. Il est cependant troublé, car elle a connaissance d'éléments biographiques que nul n'est censé connaître. Au bout du compte, trois ans après être parti en Chine sur les traces d'une jeune fille disparue, il se laisse convaincre de partir à nouveau, mais en sens inverse, cette fois à la recherche de son propre père. Le récit enchaîne jeux de miroirs, mises en abyme et coïncidences extraordinaires (de ces événements qui sont, selon Claudel, la " jubilation du hasard ") sans pour autant leur donner d'explication rationnelle. Des hommes se réfugient dans d'étranges terriers tant en Ecosse qu'en Sibérie, une phrase de Dostoïevski peut infléchir le cours d'un voyage, et les théories de la transmigration des âmes paraissent investir l'ordre naturel des choses. Christian Garcin mêle un art consommé de la narration et un penchant pour une méditation à la fois métaphysique et ironique. Le suspense, maintenu grâce à une construction en spirale, diffère sans cesse la résolution des énigmes distillées au fil d'un récit qui intrigue, déroute, captive.