La glaisière
Qu'est-ce que la Glaisière? Une étendue de terrain située à Montreuil, dont l'argile particulièrement riche constituait autrefois pour l'art du potier un matériau de qualité incomparable. Mais si, au temps de Timothée Ponge, il s'agissait de creuser la Glaisière pour en retirer cette terre précieuse, son fils Jérémie, employé par la municipalité, est chargé au contraire de la combler à l'aide de tous les détritus et décombres que les habitants du coin vont déverser alentour.
Ainsi donc, aujourd'hui, cette Glaisière redevenue un terrain vague où jouent les enfants, où fructifient les vergers au milieu d'herbes folles et de jardins potagers loués par lopins, est-elle aussi le centre d'un petit monde étrangement attaché à cet espace poétique, symbole de la liberté peut-être, et de la pureté.
Georges Montforez introduit tour à tour le lecteur dans l'intimité de Jérémie qui tombe amoureux de la belle Diane, fille du Grec Midas, coquette et volage ; de Mic, le médecin pauvre qui, obsédé par une musique secrète émanant de la Glaisière et qu'il est seul à percevoir, en fait une chanson qui lui apportera la fortune ; d'Émile Gendre, fidèle au souvenir de sa femme morte en tombant d'un escabeau ; de Juana la gitane, toujours enceinte; de Jean Royer, l'ingénieur, cousin de Périssou, devenu l'ami intime de Timothée pour avoir voulu l'abattre à coups de carabine.
D'une action où l'amour, ses joies et ses trahisons, l'amitié, la fraternité se mêlent, comme tissés dans un horizon unique – la Glaisière – naît une sorte d'enchantement progressif. La pudeur des sentiments, une émouvante tendresse humaine et l'acuité du style narrratif font de ce roman une œuvre où la réalité n'est jamais blessante, le cœur jamais désespéré, où la vie, enfin, prend délibérément le parti de la joie, de la justice et du don de soi.