La collection - l'amant - le gardien
Avec les trois pièces de ses débuts, Harold Pinter a atteint d'emblée une notoriété internationale et, dès les années soixante, il a pris place au premier rang des dramaturges britanniques contemporains. La Collection et L'Amant, créées à Paris en 1965, ont révélé deux facettes de son talent, l'une avec ses sous-entendus feutrés, l'autre avec son horlogerie diaboliquement dévastatrice. Quant au Gardien, créée en France en 1969, elle a été jouée plus de cinq cents fois. Dans ces trois œuvres, le propos de Pinter n'est ni social, ni politique, ni philosophique ; il est de montrer l'homme seul, face à face avec la société. Il traite du problème de la solitude, de la peur des autres, que l'on cache sous un masque ironique ou agressif. Dans ces pièces, une histoire ébauchée n'est jamais menée à terme, ou bien le spectateur y pénètre à mi-chemin et ne pourra jamais la comprendre ; les personnages qui doivent se rencontrer n'y parviennent qu'à contretemps, la lettre qui peut tout expliquer n'est jamais ouverte. Finalement, les personnages doivent s'accepter tels qu'ils sont, c'est-à-dire incapables de se comprendre et de se rejoindre. En une vingtaine d'années et autant de pièces, Harold Pinter s'est imposé comme le premier auteur de théâtre britannique contemporain.