La canne de M. de Balzac
Extrait : Il est un malheur que personne ne plaint, un danger que personne ne craint, un fléau que personne n'évite ; ce fléau, à dire vrai, n'est contagieux que d'une manière, par l'hérédité et encore n'est-il que d'une succession bien incertaine, n'importe, c'est un fléau, une fatalité qui vous poursuit toujours, à toute heure de votre vie, un obstacle à toute chose non pas un obstacle que vous rencontrez c'est bien plus. C'est un obstacle que vous portez avec vous, un bonheur ridicule, que les niais vous envient ; une faveur des dieux qui fait de vous un paria chez les hommes, ou pour parler plus simplement un don de la nature qui fait de vous un sot dans la société. Enfin ce malheur, ce danger, ce fléau, cet obstacle, ce ridicule, c'est... Gageons que vous ne devinez pas et cependant quand vous le saurez, vous direz : « C'est vrai. Quand on vous aura démontré les inconvénients de cet avantage, vous direz : « Je ne l'envie plus. » Ce malheur donc, c'est le malheur d'être beau.