La Vieille sirène
Avec La Vieille sirène, José Luis Sampedro fait revivre pour nous le mythique royaume d’Alexandrie, à travers l’histoire d’Irénia, successivement naufragée amnésique, esclave puis, consécration suprême, hétaïre, dont la route croisera celle d’Ahram le Navigateur et de Kriton le Philosophe. Achetée comme esclave pour l’étonnante couleur de ses cheveux destinés à faire une perruque pour Sinuit, la fille d’Ahram le Navigateur, elle apparaît dès le début du roman comme un véritable mystère. Mystère son origine, essentiellement, puisque, recueillie enfant sur une plage de l’île de Psyra, elle a tout oublié de ses premières années jusqu’à son nom.
En même temps que le destin de Glauka, c’est celui de toute une civilisation en proie à de profonds bouleversements, qui nous est donné de connaître.
L’empire d’Alexandrie est restitué par l’auteur dans toute sa splendeur et avec ce mélange paradoxal de raffinement et cruauté qui le caractérisait. La Vieille sirène est un grand roman écrit dans une langue riche et précise, dans lequel José Luis Sampedro ne tombe jamais dans le piège de la description ou du commentaire d’une civilisation qu’il connaît cependant à la perfection. Il recrée pour nous l’Égypte mythique et fascinante des derniers temps, faisant astucieusement alterner les scènes historiques et politiques avec l’histoire de l’héroïne proprement dite, et nous laisse à la fois étonnés et ravis au terme des quelque 600 pages qui composent cette grande fresque, sans jamais nous sembler discursif ou redondant.