La Sibylline (1900-1930)
La Sibylline, c’est ainsi que Proust surnommait celle qui régna sur un demi-siècle de vie parisienne.
Marie-Sophie Godebska, dite Misia, est née à Saint-Pétersbourg en 1872 et morte à Paris en 1950. Un simple surnom pour désigner un mythe. Grande prêtresse de la vie littéraire et artistique, personnage hors du commun dont l’existence romanesque commence dès la naissance. Petite fille, elle joue du piano sur les genoux de Liszt et son professeur, Gabriel Fauré, l’idolâtre. Plus tard, c’est au sein de l’extraordinaire groupe d'artistes, au premier rang desquels Mallarmé, Claudel, Verlaine, ou encore Toulouse-Lautrec, Bonnard, Volleton, Ravel et Debussy, qui gravitaient autour de La Revue Blanche fondée par son premier époux Thadée Natanson, que Misia exerce ses talents de muse inspiratrice, de bienfaitrice et, bien souvent, de fascinant modèle.
Férue d’avant-garde, elle devient la protectrice attitrée des Ballets russes, elle finance Diaghilev dont elle est l’amie et comme au temps d’Ubu roi de Jarry, elle collabore aux scandales que provoquent des œuvres d’avant-garde comme L’Après-midi d’un faune ou Le Sacre du Printemps, souvent aux côtés de Chanel dont elle a favorisé la vocation. Gracieuse et séduisante, elle sera ensuite l’épouse de l’américain Alfred Edwards, banquier et magnat de la presse, puis du peintre espagnol José Maria Sert qui lui léguera son nom. À travers ses trois mariages, elle ne rencontre pourtant ni l’amour, ni le bonheur, mais plus souvent l’abandon.