L'intuition philosophique
En avril 1911, Bergson s'est rendu au Congrès international de philosophie de Bologne où il a présenté cette conférence, après avoir fortement hésité à faire le déplacement, car il vivait une période de travail intense et surchargée, qui l'amenait aux limites du surmenage. Trois jours avant de prendre le train, il écrivait à Hermann de Keyserling : 'Je suis horriblement fatigué, si fatigué que je ne devrais peut-être pas faire ce voyage'. (...) Il se rend donc tout de même en Italie, mais seulement pour deux jours. Brève parenthèse dans une vie accablée d'occupations et de préoccupations depuis la publication de L'Évolution créatrice, le Congrès n'en fut pas moins, en ce qui le concerne, l'occasion d'écrire une conférence qui était et demeure particulièrement importante. La première raison de cette importance est qu'il y parle précisément et pour la première fois de son travail de professeur, amené à enseigner au Collège de France l'histoire de la philosophie moderne (après avoir enseigné plusieurs années l'histoire de la philosophie antique). On voit donc sur exemple comment un philosophe créateur se rapporte à ses prédécesseurs, sa façon de les appréhender et de les lire. (...) La deuxième raison, et la plus profonde, est qu'il introduit dans cette conférence des considérations nouvelles sur l'intuition. » (G. Waterlot, extrait de l'Introduction).